La Littérature du XXe siècle donne l'impression d'être abondante et inclassable. Cette complexité vient certes du nombre de livres édités, mais surtout des bouleversements historiques et sociologiques qui ont marqué le siècle et posé des questions auxquelles aucune réponse univoque n'a été donnée.
Modification des liens entre l'auteur et le public.
Le renouvellement est assuré par des groupes restreints, les "avant-gardes" coupées du grand public. Cela ne doit pas faire illusion, la plupart des auteurs continuent à écrire selon l'esthétique du roman réaliste du XIXe siècle.
On peut supposer que tous les Français sont un public potentiel mais ce public n'est plus homogène: l'impression d'abondance que donne la littérature n'est donc que la multiplication du nombre des auteurs destinés à satisfaire les goûts de ce public diversifié, et non le symptôme d'une richesse d'invention. Ce qui s'accroît surtout, c'est une littérature de divertissement pour un public de culture moyenne, littérature dont l'importance sociologique est peut-être plus grande que les préoccupations esthétiques.
La littérature est de plus en plus un commerce. La pauvreté créatrice est souvent dissimulée par la fabrication d'"événements littéraires": publicité, vedettariat, multiplication des Prix, exploitation rapide des succès, etc.
Culture et littérature en question
La notion de culture apparaît comme relative aux goûts et aux définitions de la classe dominante qui tend à en faire un dogme figé; l'enseignement la propage comme une vérité immuable (tradition, inutilité, humanisme), alors que le monde social évolue et manifeste des goûts et des désirs différents. L'écrivain prend une conscience plus aiguë de son isolement et de sa compromission avec la société bourgeoise, il devra choisir une attitude:
- écrire ce qui se vend;
- écrire pour écrire, réfléchir sur soi et sur l'acte d'écrire;
- écrire pour changer le monde : s'engager;
- contester la place et la fonction de la culture au profit d'une culture authentiquement populaire.
La littérature, elle aussi, est l'objet d'une profonde interrogation pour plusieurs raisons:
Les novateurs qui influencent la littérature française sont étrangers (Kafka, Joyce, Faulkner, Brecht)
On réfléchit sur l'héritage littéraire, cela donne lieu à des relectures, des réécritures. Redécouvertes passionnantes qui font éclater les critères selon lesquels une oeuvre était dite "bonne" ou "mauvaise", mais si amples que ce sont les normes et la définition même du littéraire qui sont remises en cause, et qui présentent le danger parfois de confondre les curiosités avec ce qui a vraiment une importance historique ou esthétique.
En marge de la littérature "officielle" se développe une para-littérature (roman policier, bande dessinée,...) et des moyens d'expression nouveaux (cinéma, radio, télévision, disques...)
Il est désormais matériellement impossible de citer tous les auteurs et il est très difficile de leur trouver assez de points communs justifiant qu'on les réunisse sans quelque arbitraire. La difficulté s'accroît d'ailleurs du fait que les historiens sont trop proches de ces phénomènes culturels et littéraires, pour en dégager avec certitude l'importance réelle.
Le goût pour la littérature (1914-1940)
La société française est bouleversée en profondeur par la guerre de 1914-18. Mais les tendances du XIXe siècle continuent à marquer un grand nombre d'oeuvres. Beaucoup d'écrivains en effet, ne sont séduits ni par les expériences d'avant-garde, ni par l'engagement politique explicite. Ils ne forment pas une école ou un mouvement précis, mais à travers la diversité de leurs attitudes, quelques préoccupations communes les unissent solidement. Tous tombent d'accord pour affirmer la grandeur de la création littéraire. Tous font aussi de la psychologie du sujet le centre de leur analyse. Cette célébration de la littérature et de l'individu est en fait une défense contre un sentiment de malaise, plus ou moins avoué, dans une société où la guerre et ses suites font naître des interrogations multiples. A partir des années '30, la plupart de ces écrivains devront opter pour une attitude socio-politique explicite, ou se cantonner dans un refus hautain de s'engager.
1913 | Alain-Fournier | Le Grand Meaulnes |
1913-27 | M. Proust | A la recherche du temps perdu |
1922 | P. Valéry | Charmes |
1924 | P. Claudel | Le Soulier de satin |
1925 | A. Gide | Les Faux-monnayeurs |
1927 | F. Mauriac | Thérèse Desqueyroux |
1930 | Colette | Sido |
1930 | J. Giono | Regain |
1932-46 | J. Romains | Les Hommes de bonne volonté |
1934 | M. Aymé | Contes du Chat perché |
1935 | J. Giraudoux | La Guerre de Troie n'aura pas lieu |
1936 | G. Bernanos | Journal d'un curé de campagne |
H. De Montherlant | La Reine Morte | |
1938 | J.-P. Sartre | La Nausée |
1939 | A. de Saint-Exupéry | Terre des hommes |
1942 | A. Camus | L'Etranger |
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